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Nous avons profité des vacances de la Toussaint pour nous échapper quelques jours, tous les cinq — le chat compris, qui s’est définitivement pris au jeu de nous suivre partout (t’il vraiment le choix ?). Cette fois, je me suis laissée porter. Mon mari avait, je crois, cette idée bien ancrée depuis un moment : filer vers le Sud, respirer autre chose, changer de lumière.

Nous avons d’abord fait un arrêt rapide au Domaine de Prefaissal, à Mézel, pour que mon fils puisse rouler un peu en motocross. Puis nous avons repris la route, sans trop réfléchir, avec cette sensation douce d’être déjà ailleurs. Direction Rustrel et Apt, le cœur un peu ouvert, curieux de découvrir ce que la Provence pouvait encore nous raconter. Ici, tout change : la terre se fait plus sèche, les chemins plus rocailleux, et la lumière, surtout en automne, a cette façon étonnante de tout adoucir.

Nous avons donc exploré le Colorado Provençal et les mines d’ocre de Bruoux, juste avant leur fermeture temporaire. Et finalement, je crois que cette saison est la plus juste pour y aller : moins de foule, moins de bruit, et des couleurs qui semblent peintes à la main. L’automne transforme tout, même la roche.
Vous verrez… la lumière parle d’elle-même.

Première étape : le Colorado Provençal

Nous sommes arrivés à l’ouverture, pour savourer chaque instant, profiter de la fraîcheur matinale et de cette lumière douce qui transforme le paysage.
Notre première balade a été le parcours bleu, « Le circuit du Sahara » : un sentier simple, accessible à tous, qui invite à flâner et à lever les yeux à chaque virage. Les possibilités photographiques sont infinies : chaque recoin, chaque couleur se transforme selon la lumière, changeante et capricieuse, qu’il faut apprendre à saisir au bon moment.
Et pourtant, même sans chasse aux images, le lieu reste à couper le souffle : cette terre ocre, ces reliefs sculptés, cette lumière d’automne qui semble faite pour émerveiller.

On ne savait plus où poser les yeux, chaque coin du sentier semblait vouloir devenir une photo, mais le moment était aussi à savourer sans déclencheur.

Deuxième étape : les mines d’ocre de Bruoux

Nous sommes arrivés aux mines de Bruoux, et nous avons vite compris que la visite guidée est obligatoire pour explorer ce lieu unique. Nous avons donc pris rendez-vous pour le créneau suivant et attendu tranquillement notre tour, impatients de découvrir ce monde souterrain.

Lorsque notre guide nous a accueillis chaleureusement, nous avons enfilé nos casques de sécurité, écouté les consignes, et c’était parti.

Dès les premiers pas dans les galeries, j’ai été fascinée par la hauteur des lieux, les couleurs des parois et la densité des informations partagées par notre guide. Chaque explication enrichissait notre regard : c’était à la fois captivant et instructif.

Les Mines de Bruoux sont un témoignage exceptionnel de l’histoire ocrière de la Provence. Avec 40 km de galeries pouvant atteindre jusqu’à 15 mètres de hauteur, c’est le plus vaste réseau souterrain d’ocre au monde. L’architecture des lieux, impressionnante, raconte à elle seule l’histoire de l’exploitation industrielle, et les guides nous permettent de comprendre le rôle de l’homme dans ce territoire unique.

Pour la petite histoire : l’ocre trouve son origine au fond de la mer, il y a plus de 110 millions d’années. Les sables issus de l’érosion du Massif Central se sont accumulés dans les fonds marins, enrichis en glauconie, puis transformés au fil des millénaires par les mouvements tectoniques et le climat tropical en argile chargée de fer, donnant ces teintes jaunes et rouges si caractéristiques. L’homme utilise l’ocre depuis le Paléolithique, mais c’est en 1785, à Roussillon, que Jean-Etienne Astier découvre le moyen d’extraire le précieux minerai. À Gargas, l’exploitation industrielle commence en 1848, et pendant plus d’un siècle, les ocriers creusent sans relâche ces galeries.
Aujourd’hui, le Massif des Ocres est un territoire protégé, partie intégrante du Parc naturel régional du Luberon, labellisé Géoparc UNESCO et Réserve de Biosphère. Ses paysages colorés font partie de l’identité du territoire et attirent de nombreux visiteurs. L’exploitation de l’ocre continue à Gargas, la dernière carrière d’Europe à ciel ouvert.

La visite dure environ une heure au frais, et c’est une plongée unique dans la richesse géologique, historique et industrielle de la Provence. Chaque galerie, chaque couleur, chaque histoire racontée nous rappelle à quel point ce lieu est hors du commun et fascinant à explorer.

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L’automne nous a offert le Colorado Provençal et les mines de Bruoux sous leur plus beau jour : des couleurs chaudes, des lumières douces, et cette atmosphère presque intime que l’on ne retrouve pas en pleine saison touristique. Entre les paysages surprenants et les galeries souterraines, chaque pas révèle un fragment de l’histoire de l’ocre et un morceau de poésie de la Provence.

Ces lieux sont bien plus que des destinations à visiter : ils invitent à la contemplation, à la photographie, à la curiosité. Que vous soyez passionné de nature, amateur de randonnées ou simplement en quête d’émerveillement, laissez-vous porter par le temps et les couleurs, et prenez le temps de savourer chaque nuance de ce territoire unique.

Et si vous venez en automne, profitez de la lumière, des paysages presque déserts, et n’oubliez pas de protéger votre matériel des poussières d’ocre : vous en reviendrez avec des souvenirs et des images qui resteront gravés.

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