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vive en van

Qu’on se le dise, tout notre entourage n’a pas forcément compris ni accepté notre choix : tout quitter, tout vendre, pour vivre dans un fourgon aménagé ! Ça peut sembler étrange, fou, voire inconscient ou irresponsable. Pourtant, c’est la décision la plus réfléchie de notre vie.
Mais vivre en van au quotidien, circuler en van même, que ce soit pour aller chercher le pain, déposer les enfants à l’école ou passer chez le médecin, a ses limites et ses contraintes. Il faut désormais prévoir, s’adapter et réfléchir autrement. Dans cet article, je vous raconte comment nous vivons nos déplacements quotidiens en fourgon et comment nous avons trouvé notre rythme, entre avantages et petites difficultés du quotidien.

Nos trajets du quotidien en van

© image d'illustration Freepik

Depuis que nous avons choisi d’utiliser le fourgon pour tous nos déplacements – même les plus banals – notre quotidien a pris une drôle d’allure. Aller chercher le pain, déposer les enfants à l’école ou passer chez le médecin ne ressemble plus vraiment à “avant”. Avec un véhicule de ce gabarit (Peugeot Boxer L4 H3), encore en cours d’aménagement, tout demande un peu plus d’anticipation : trouver le bon créneau pour se garer, gérer la taille, contourner les rues compliquées… et parfois improviser complètement.

Le fourgon demande de la vigilance, mais paradoxalement, il nous offre aussi une forme de liberté. 

Même les courses ont une autre saveur. Le parking du supermarché devient un terrain d’observation : où se glisser ? comment ressortir sans manœuvrer trois fois ? Et comme l’intérieur n’est pas encore optimisé, on doit penser à l’espace, à la façon de ranger, à ce qu’on garde à portée de main ou pas.

Et puis il y a tous ces petits déplacements – un café à emporter, un rendez-vous médical, une commission rapide. Le fourgon nous oblige à réfléchir autrement, à être plus conscients de nos mouvements, à faire simple. C’est parfois un peu contraignant, mais étonnamment, ça nous fait aussi gagner en clarté.

Ce qui me frappe le plus, c’est la manière dont chaque trajet s’est transformé en parenthèse. Rien d’extraordinaire, juste des moments où l’on observe la lumière sur les façades, où l’on profite du calme du matin ou d’une discussion en famille. On a fini par voir ces petits déplacements comme des micro-aventures, un apprentissage en douceur, en attendant que le van devienne enfin le cocon que nous imaginons.

Tout ce que cette nouvelle manière de se déplacer nous apporte

vivre en van

À force de rouler avec le van pour tout — la pharmacie, les courses, les rendez-vous administratifs — on a fini par découvrir des avantages qu’on n’avait absolument pas anticipés. Rien de spectaculaire, mais plein de petites choses qui, mises bout à bout, changent notre façon de vivre.

Le premier bénéfice, c’est cette sensation de ralentir. Le van n’est pas conçu pour l’agitation ou la précipitation, alors naturellement, on adopte un autre rythme. On prend le temps de regarder la route, de respirer un peu, de traverser le quotidien autrement. C’est étrange comme un simple changement de véhicule peut modifier l’humeur d’une journée.

Il y a aussi ce confort discret de toujours avoir “notre maison” pas loin. Même si l’aménagement n’est pas terminé, on peut déjà y laisser quelques essentiels : un pull, une gourde, un petit plaid pour le matin froid. On sait que tout est là, à portée de main. Ça évite les demi-tours inutiles et ça apporte un certain apaisement.

Et puis, il y a ce que ça crée entre nous. Les enfants ont pris l’habitude de s’installer, de regarder par la fenêtre comme si chaque trajet était un mini road-trip. Ça discute, ça rêve, ça observe. On se parle davantage, loin du brouhaha et de l’empilement des obligations.

Finalement, circuler en van au quotidien, ce n’est pas juste se déplacer autrement : c’est accepter un mode de vie plus doux, plus intentionnel, où chaque trajet devient un moment en soi — un peu plus vivant, un peu plus vrai.

Ce que ça complique aussi, soyons honnêtes

Bien sûr, tout n’est pas simple. Se déplacer quotidiennement en van, ce n’est pas une carte postale permanente. Il y a des jours où tout est fluide… et d’autres où l’on sent vraiment les limites de ce type de véhicule.

La taille, déjà. On fait avec, mais elle ne se fait jamais oublier. Et une chose m’a frappée :
beaucoup de ponts ne sont absolument pas signalés.
Ni panneau de hauteur maximale, ni avertissement un peu plus tôt pour anticiper. Rien.
On avance confiant, on tourne, et on se retrouve soudain face à un pont dont on ignore totalement si ça passe ou pas. Parfois ça va… parfois on serre les dents… et parfois il faut faire demi-tour au dernier moment. C’est le genre de détail qu’on ne remarque jamais en voiture, mais qui devient un vrai sujet en van.

Le stationnement aussi demande un apprentissage. Il me faut souvent deux places, que ce soit en créneau ou en épi. Et en bataille, je me gare presque toujours en marche arrière, pour laisser dépasser l’arrière du fourgon au-dessus des espaces verts — quand il y en a. C’est une petite gymnastique mentale permanente : analyser la rue, imaginer l’angle, vérifier les trottoirs, anticiper la sortie.

Et puis il y a les arbres.
On n’y pense pas, mais ils deviennent des obstacles à part entière. Certains sont trop bas, d’autres juste à la limite, et il nous arrive d’entendre les branches frotter le haut du van. Rien de grave, mais suffisamment pour nous rappeler que la vigilance doit être constante, à chaque mètre, dans chaque manœuvre.

Les horaires aussi nous obligent à revoir notre manière de faire. Pour l’école, par exemple, arriver cinq minutes plus tard signifie chercher une place deux rues plus loin ou se résigner à un stationnement un peu bancal parce que je n’ai plus la place pour manoeuvrer. On finit par développer une sorte d’instinct — mi-pratique, mi-intuitif — pour anticiper les moments creux.

Et comme le van n’est pas encore aménagé, il manque de rangements, de confort, de petites choses qui rendent la vie plus simple. Alors on adapte chaque trajet en fonction de la météo, de ce qu’on transporte, du matériel des enfants. C’est possible, oui, mais ça demande parfois une belle dose de souplesse.

Enfin, il y a ce regard extérieur. Un mélange de curiosité, de jugement ou d’incompréhension. Comme si rouler en van racontait quelque chose de nous que les gens interprètent comme ils veulent. On s’y habitue, mais certains jours, ça laisse une petite trace.

Bref, circuler en van au quotidien, c’est accepter un rythme différent. Plus conscient, plus en alerte, moins automatique. Un quotidien qui demande de l’attention, mais qui ouvre aussi d’autres manières de vivre et de se déplacer.

Ce que cette manière de vivre nous apprend

À force de rouler comme ça, de composer avec les limites du van et les imprévus du quotidien, quelque chose a changé dans notre façon d’habiter la journée. On apprend à ralentir, à regarder autrement, à laisser un peu plus de place au bon sens qu’à l’urgence.

Il y a d’abord cette idée toute simple : on ne maîtrise pas tout, et il faut l’accepter. Une rue trop étroite, un parking inaccessible, un détour imprévu… Au début ça agace, puis on finit par lâcher prise. À se dire que ce n’est pas si grave, que la vie ne se joue pas à ces cinq minutes de retard. Ce relâchement-là, je ne l’avais jamais vraiment ressenti en voiture.

On développe aussi un rapport différent à l’espace. Chaque trajet devient un repère, chaque manœuvre une petite victoire. On apprend à connaître les villages autrement : leurs hauteurs de ponts, leurs arbres un peu trop bas, les parkings où l’on peut souffler deux minutes, les rues où il vaut mieux ne jamais s’engager.
C’est une cartographie intime, construite au fil des jours, comme une lecture du terrain que seule la pratique rend possible.

Et puis il y a ce sentiment étrange, presque doux : celui d’être autonome, même dans les choses les plus simples. Savoir qu’on transporte notre maison — même inachevée — change un peu la perception du monde. On n’est plus seulement en déplacement : on se déplace avec un bout de nous. Ça rassure, ça apaise, ça donne une certaine cohérence à l’ensemble.

Les enfants, eux, s’adaptent avec une fluidité déconcertante. Pour eux, c’est comme si chaque trajet avait un supplément d’histoire. Ils remarquent tout, posent des questions sur les routes, les paysages, les manières de se garer. Ils vivent ça comme une aventure, sans tout le poids que les adultes y mettent.

Au fond, le van nous oblige à repenser la simplicité. À faire moins mais mieux. À accepter les détours, les limites, les imprévus. Et dans tout ça, il y a quelque chose de profondément apaisant : l’impression de se remettre dans le bon rythme, dans une forme de présence à soi et au monde que je n’avais plus sentie depuis longtemps.

Circuler au quotidien en van n’est pas toujours simple, mais chaque trajet révèle de petites découvertes et adaptations. Même avec un van encore en chantier, on se surprend à réinventer nos routines et à savourer ces moments différents du quotidien.

Et ce n’est qu’une première étape : nous en saurons vraiment plus lorsque nous vivrons pleinement dedans. C’est alors que chaque organisation, chaque aménagement et chaque choix révélera ce qui fonctionne… ou non.

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