Créer du contenu, c’est bien plus qu’une simple activité créative. C’est mettre une part de soi dans chaque photo, chaque mot, chaque échange. C’est aussi s’investir auprès de marques, souvent avec le cœur, parce qu’on croit en elles, en leurs produits, en leurs valeurs.
Et parfois, certaines de ces marques, avec lesquelles on a collaboré à leurs débuts, nous oublient. Sans explication. Sans un mot. Juste un silence.
Je ne suis pas du genre à me plaindre, ni à faire des reproches. Mais aujourd’hui, j’avais envie de lever un petit voile sur cette réalité du métier de créatrice de contenu : quand on devient “trop petite” aux yeux de ceux qu’on a un jour aidés à grandir. Un sujet délicat, mais important. Parce qu’il fait aussi partie de cette aventure.
Mes débuts avec les marques : de belles rencontres
Lorsque j’ai commencé à collaborer avec des marques, c’était souvent avec de petites structures, des entrepreneurs-ses passionnées, des projets encore en construction mais portés par une énergie débordante. Il y avait quelque chose de très humain, de presque artisanal, dans nos échanges. Il y avait des voix derrière les mots, des sourires dans les mails, et cette joie mutuelle de construire quelque chose ensemble, à notre échelle.
J’aimais cette proximité, cette fraîcheur, cette simplicité presque naïve. Tout n’était pas parfait, bien sûr, mais il y avait une vraie sincérité, une reconnaissance réciproque. On prenait le temps de se remercier, d’attendre les retours, d’être dans une vraie collaboration. Il n’y avait pas de pression de chiffres, de timing rigide ou de grille tarifaire impersonnelle. Il y avait de la confiance. Et une envie commune de créer du contenu beau, vrai, aligné avec nos valeurs.
Chaque colis soigneusement préparé, avait une saveur particulière. Je les ouvrais avec le même enthousiasme qu’un cadeau de Noël. Je découvrais les produits avec des yeux émerveillés, je touchais les matières, j’observais les couleurs, j’imaginais déjà les photos que je pourrais en faire. Je mettais tout mon cœur, toute ma créativité, tout mon œil de photographe dans ces projets. Non pas pour “performer”, ni pour impressionner, mais parce que j’avais envie de bien faire. Parce que ces marques méritaient qu’on leur donne de la lumière.
Je croyais en elles. En leur histoire, en leur potentiel, en leur singularité. Et quelque part, je me sentais fière d’avoir été choisie, fière d’avoir été là au tout début. Comme une petite pierre à l’édifice, un fragment discret mais sincère de leur aventure.
Quand le silence s’installe : être mise de côté
Et puis, parfois, le temps passe. La marque évolue. Elle gagne en visibilité, s’entoure de nouvelles agences, adopte une communication plus cadrée, plus « marketée ». Elle se structure, se professionnalise, ce qui est tout à fait légitime. Elle vise plus haut, plus loin. Et moi, je regarde ça de l’autre côté de l’écran, à la fois fière d’avoir contribué, à ma petite échelle, à cette croissance… et un peu triste aussi.
Car sans que je m’en rende compte, les échanges se font plus rares. Les mails que j’envoie restent sans réponse. Je ne suis plus incluse dans les prochaines campagnes. Les stories que je créais avec soin, avec une intention claire et un vrai message, ne sont plus repartagées. Mon travail semble s’effacer des radars. Je ne suis plus sur la liste.
Pas de message. Pas de retour. Pas un mot. Juste ce silence. Un peu froid, un peu lourd. Et une petite voix qui chuchote : « Tu ne corresponds plus à ce qu’ils cherchent. »
Alors oui, bien sûr, les algorithmes changent, les tendances évoluent, les stratégies d’influence s’affinent, s’orientent vers des profils plus “bankables”, plus visibles, plus jeunes, parfois plus lisses. Je le comprends. C’est le jeu.
Mais ce n’est pas pour autant que cela ne fait rien. Parce qu’au fond, dans ces collaborations, j’ai donné bien plus que des publications. J’ai donné mon regard, mon intuition, ma manière de raconter. J’ai donné mon temps, mon énergie, ma sensibilité. J’ai donné une part de moi.
Et même si je sais que ce n’est jamais personnel — ou du moins rarement — je ne peux pas m’empêcher d’y voir un abandon silencieux. Comme si tout ce que j’avais offert hier ne valait plus rien aujourd’hui.
Prendre du recul (même si ça pique un peu)
Avec les années, j’ai appris à ne pas tout prendre pour moi. À ne pas tout ramener à ma valeur ou à mon travail. Les marques évoluent, leur communication aussi. Parfois, elles prennent un virage plus commercial, plus institutionnel, plus “influence grand public”. D’autres se tournent vers des profils qui ont plus d’abonnés, plus d’engagements chiffrés, plus d’impact immédiat sur les ventes. C’est un choix stratégique. Pas forcément un choix contre moi.
Je le comprends. Mais ce n’est pas pour autant que ça ne blesse pas. Parce qu’à mon échelle, chaque collaboration, chaque échange a été sincère. Je n’ai jamais vu mon blog comme une vitrine à louer, ni mon compte Instagram comme une simple plateforme publicitaire. Ce que je crée, je le fais avec intention. Je prends le temps de tester les produits, de les photographier dans une lumière douce, de raconter une histoire. Mon histoire.
Alors oui, parfois ça pique. Ce sentiment d’être devenue “trop petite”, “pas assez tendance”, ou “déjà vue”. Comme si mon travail n’avait plus la même valeur simplement parce que je ne colle plus aux nouveaux codes du moment. Comme si la relation humaine que l’on avait construite n’avait plus de place dans un tableau Excel.
Mais plutôt que de me laisser happer par la frustration ou l’amertume, j’essaie de revenir à l’essentiel. Je prends du recul. Je respire. Et je me rappelle pourquoi je fais tout ça. Pour le plaisir de créer. Pour le besoin viscéral d’écrire, de photographier, de partager. Pour la beauté des échanges, même discrets, avec celles et ceux qui prennent le temps de me lire, de m’écrire, de me suivre parfois depuis des années.
C’est là que réside la vraie richesse. Dans le lien. Dans l’émotion. Dans la fidélité silencieuse de ma communauté. C’est vous qui donnez un sens à ce que je fais. Pas les likes, pas les campagnes, pas les tendances passagères. Juste vous, et cette petite bulle que nous avons créée ensemble, au fil du temps.
Ce que je retiens et ce que je veux transmettre
Aujourd’hui, je regarde ce chemin parcouru avec une profonde gratitude, malgré les déceptions qui ont émaillé ma route. Parce qu’au fond, chaque collaboration, même celles qui n’ont pas duré, a été une rencontre, un moment où j’ai appris quelque chose de nouveau. Certaines de ces collaborations ont été éphémères, un simple flash dans mon parcours, mais elles ont toutes été enrichissantes d’une manière ou d’une autre. Elles m’ont permis de grandir, d’affiner mes choix, de mieux comprendre ce que je cherche dans mes partenariats.
D’autres, plus durables, ont laissé une empreinte plus profonde dans mon cœur, dans ma façon de travailler, et dans la relation que j’ai avec ma communauté.
Et à travers tout ça, j’ai appris une leçon qui me guide désormais dans tout ce que je fais : la reconnaissance ne se mesure pas à la taille d’une campagne, ni à la popularité d’une marque. Elle ne réside pas dans les chiffres, ni dans les retours que l’on reçoit dans un délai imparti. Non, la vraie reconnaissance se trouve dans l’authenticité des liens tissés, dans la confiance et le respect mutuel qui se créent.
Celles qui me font encore confiance
Pour l’heure, il existe encore des marques qui me témoignent leur confiance, année après année, et pour cela, je leur suis infiniment reconnaissante. Leur fidélité me touche profondément, d’autant plus en ces temps difficiles, où chacun traverse ses propres défis : la conjoncture économique, les frais croissants, les charges qui pèsent lourdement sur tous les secteurs. Parmi celles qui m’accompagnent toujours, je pense notamment à Maped, Ludilabel, Blissim, Current Body, Les Petites Billes, Morphée ou encore My Little Box, des marques avec lesquelles j’ai le privilège de continuer à collaborer.
Bien sûr, il y en a d’autres qui ont choisi de tourner la page, de se détourner de notre relation de travail. Est-ce utile de les citer ? Est-ce bien de raviver de vieilles blessures ? Je n’ai pas envie de m’attarder sur ce qui a été laissé derrière. Ce qui compte aujourd’hui, ce sont ceux qui sont là, et pour eux, je suis plus que reconnaissante.
Voici, pour les plus curieuses, toutes les marques qui ne me répondent plus ou m’ont mise de côté, après une collaboration ou plusieurs années d’échanges :
- La fabrique des pieds
- Tip toe
- Djeco
- Stokke
- Kalista
- Lufe
- Pranarom
- Pur essentiel
- Clémence et Vivien
- Typology
- Vegaoo party
- Rivadouce
- Tendance parfums
- Puressentiel
- Nailmatic
- Mulato
- Trendyliss
- Cricut…
Photographies : Le Monde de Jenn (sauf mention contraire).
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