On entend souvent que devenir adulte est une étape naturelle, que ça se fait avec l’âge et les responsabilités qui s’accumulent. Mais, en y réfléchissant bien, je me rends compte que, même en ayant pris toutes ces responsabilités, je ne me sens pas forcément plus adulte pour autant. Pourquoi, à 30 ou 40 ans, avec un parcours déjà bien établi, on a encore parfois l’impression de ne pas avoir franchi ce cap ? C’est là que l’éducation entre en jeu. Enfin je pense. Peut-être qu’on n’a pas été préparé à se détacher du rôle d’enfant, et qu’une part de nous reste ancrée dans ce modèle, même une fois adulte.
Dans cet article, je vais partager avec toi ma réflexion sur cette transition : ce qui, dans notre éducation, nous permet de nous détacher du rôle d’enfant et d’assumer pleinement notre identité d’adulte. Peut-être que tu te reconnaîtras dans cette quête.
Le passage de l'enfance à l'adulte : se détacher du rôle d'enfant et endosser la responsabilité
L’autonomie émotionnelle : Quand on se rend compte qu’on est responsable de soi-même
Le passage à l’âge adulte, pour moi, ne se marque pas par une date ou une cérémonie. C’est une prise de conscience intime, ce moment où tu réalises que, pour la première fois, tu es responsable de tes choix, de tes émotions, et même de tes erreurs. C’est là que tu te dis : « Ok, je suis adulte, mais pourquoi est-ce que j’ai encore l’impression de ne pas l’être vraiment ? »
C’est un peu comme un décalage entre l’idée qu’on se fait de l’adulte et ce que l’on ressent intérieurement. On attend ce moment où tout devient clair, où on se sent à sa place dans ce rôle, mais parfois, ce moment n’arrive jamais aussi clairement qu’on l’imaginait. On apprend à être adulte, sans forcément sentir ce « déclic » que tout le monde semble avoir vécu.
Les décisions importantes : Prendre le contrôle de sa vie… mais avec des doutes
On parle souvent de ces grandes décisions qui nous amènent à nous sentir adultes. Choisir une carrière, s’engager dans une relation, fonder une famille… Ce sont des moments marquants. Pourtant, je me suis souvent retrouvée à douter de mes choix, comme si je n’étais pas encore prête à assumer ce rôle d’adulte. On se dit qu’on doit tout savoir, tout comprendre, être prêt à tout. Mais la vérité, c’est qu’on prend des décisions sans avoir toutes les réponses, et qu’on continue de se chercher à travers ces choix. Peut-être que devenir adulte, c’est justement accepter qu’on n’a jamais toutes les clés et qu’on doit avancer malgré ce manque de certitude.
De l’enfant de à l’adulte de soi : Une quête d’identité qui ne se termine jamais
Il y a quelque chose de paradoxal dans cette quête de soi : on grandit, on prend des responsabilités, mais on a parfois encore du mal à se détacher de l’image de l’enfant aux yeux de ses parents. On attend toujours leur approbation, on cherche encore leurs conseils comme si, quelque part, on n’avait pas cette liberté totale d’être soi-même. Je crois que cette sensation de ne pas être complètement adulte vient de là. Même en étant indépendante, il reste ce lien subtil qui nous rattache à l’enfance. Et c’est ce lien qu’il nous faut apprivoiser pour pouvoir réellement assumer notre identité d’adulte, sans avoir à se justifier.
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Les parents et l’autonomie émotionnelle
Quand je regarde mon propre parcours, je comprends mieux pourquoi il m’a été si difficile de me détacher de ce rôle d’enfant. Mes parents, tout en me laissant une grande liberté, m’ont toujours guidée, rassurée. Mais peut-être qu’il manquait un petit élément dans cette éducation : ce déclic de « tu n’es plus l’enfant de ». En me donnant toujours un filet de sécurité, sans vouloir me laisser tomber dans le vide, ils m’ont fait comprendre que je pouvais faire des erreurs, mais pas qu’il fallait absolument que j’assume pleinement la responsabilité de mes décisions. L’autonomie émotionnelle, c’est plus que de savoir prendre une décision ; c’est savoir vivre avec les conséquences de celle-ci, même quand on doute.
L’échec, une porte vers la maturité
L’échec est sans doute l’une des plus grandes clés pour devenir adulte. Nos parents, en nous montrant qu’on pouvait échouer sans être détruits par ça, nous apprenaient à accepter l’incertitude de la vie. Mais l’échec ne se résume pas à tomber et se relever. C’est aussi accepter de ne pas toujours avoir les bonnes réponses, et ce sentiment que, parfois, même avec de l’expérience, on n’a pas toutes les cartes en main.
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Encourager l’autonomie dès le plus jeune âge
Lorsque je pense à l’avenir de mes enfants et à la façon dont je veux les accompagner sur le chemin de l’âge adulte, je me rends compte que l’un des plus grands cadeaux qu’un parent puisse offrir à son enfant est l’espace pour devenir adulte par lui-même. Ce n’est pas uniquement une question de leur attribuer des responsabilités, mais de leur offrir la liberté de prendre des décisions, même si ces décisions peuvent les amener à échouer. Trop souvent, l’instinct des parents nous pousse à protéger nos enfants des erreurs, à vouloir leur épargner toute forme de douleur ou de difficulté. Et c’est naturel. Mais en réalité, les erreurs font partie de la vie, et sans elles, l’apprentissage serait incomplet.
L’autonomie ne se limite pas à laisser l’enfant gérer ses propres tâches. Il s’agit de lui accorder la possibilité de faire des choix, de les assumer, et de comprendre que chaque décision, bonne ou mauvaise, est une expérience formatrice. Parfois, grandir, c’est accepter de se tromper et d’apprendre de ses propres erreurs, sans se voir jugé. Je crois profondément que c’est en offrant à nos enfants cette liberté de faire leurs propres choix, de connaître leurs propres échecs et d’en tirer des leçons, que nous leur donnons les outils nécessaires pour devenir des adultes équilibrés.
Cela implique, bien sûr, de lâcher prise, de ne pas interférer lorsque nos enfants rencontrent des difficultés. Ce n’est pas facile, car l’instinct parental nous pousse à vouloir les protéger, mais il est essentiel de les laisser naviguer dans leurs propres expériences. Par exemple, leur permettre de prendre des décisions financières à leur niveau, de gérer leur emploi du temps ou de s’engager dans des projets où ils risquent de rencontrer des obstacles fait partie de cette éducation vers l’autonomie. Et lorsqu’ils échouent, au lieu de leur donner un jugement, il faut leur apprendre à en tirer des enseignements et à rebondir. Cela les aide à se renforcer, à développer leur résilience et à comprendre que l’échec fait partie du processus d’apprentissage, tout comme le succès.
Les valeurs d’indépendance et de responsabilité
Inculquer les valeurs d’indépendance et de responsabilité, dès le plus jeune âge, est fondamental dans la construction de l’adulte que l’on souhaite voir grandir. Ce n’est pas une question d’âge, mais de maturité. Un enfant peut avoir 18, 20, ou même 25 ans, mais il peut encore ne pas être prêt à assumer les responsabilités de l’âge adulte. Ce qui distingue un « adulte » d’un « enfant », ce n’est pas simplement le fait d’atteindre une certaine tranche d’âge, mais la capacité à faire face aux réalités de la vie de manière responsable et autonome.
L’indépendance, c’est cette capacité à se tenir debout sans attendre que quelqu’un d’autre prenne les décisions à notre place. C’est oser faire des choix, et parfois se retrouver face à des dilemmes difficiles, mais en ayant conscience que ces choix nous appartiennent pleinement. Dès l’enfance, il est important de faire comprendre à nos enfants qu’ils ont le pouvoir de choisir et que ce pouvoir implique des responsabilités. Chaque choix qu’ils feront les rapprochera de cette autonomie qui caractérise l’adulte responsable.
En parallèle, il est crucial d’enseigner à nos enfants le respect de soi et des autres. C’est en se respectant eux-mêmes qu’ils apprendront à respecter les autres, et c’est ce respect mutuel qui forge la maturité nécessaire à l’âge adulte. Le respect des autres, des règles et des valeurs sociales fait partie intégrante de cette transition vers l’indépendance. L’idée n’est pas de leur dire comment faire, mais de les guider dans leur réflexion, en leur posant les bonnes questions pour les amener à comprendre les conséquences de leurs actes.
Il est aussi important de leur faire comprendre que l’adulte, loin d’être une figure d’autorité imposée, est quelqu’un qui choisit d’assumer les conséquences de ses actions, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. L’âge adulte, dans cette vision, ne se résume pas à remplir un rôle social, mais à prendre des décisions avec conscience et responsabilité. Quand nous montrons à nos enfants qu’être adulte, ce n’est pas simplement une question de « faire comme les grands », mais une quête de sens, de valeurs et de responsabilité, nous les aidons à trouver leur propre voie dans le monde adulte.
Aider nos enfants à se sentir vraiment adultes
Si je veux que mes enfants se sentent réellement adultes, il me faut leur enseigner la différence entre grandir par l’âge et devenir adulte par le choix. Il ne s’agit pas seulement de les préparer à une vie d’adulte dans un cadre social, mais de les accompagner vers une autonomie qui leur permette de choisir, d’agir, d’apprendre et de se relever sans dépendre constamment de l’approbation des autres.
C’est en leur offrant ce cadre, en leur donnant cette liberté d’action, mais aussi de réflexion, que nous les guidons vers un avenir où ils se sentiront pleinement adultes. Ce sont leurs choix, leurs erreurs et leurs succès qui les forgeront. Et je crois que c’est cette approche qui, plus que tout autre, leur donnera les clés pour grandir, non seulement par l’âge, mais par l’expérience.
Conclusion
Ce passage à l’âge adulte, je crois, ne se fait pas en une seule fois. Ce n’est pas une étape linéaire, ni un moment précis où tout devient clair. C’est un chemin, parfois semé d’embûches, où l’on cherche à se détacher du rôle d’enfant et à embrasser pleinement son identité d’adulte. Et, malgré tout ce que l’on peut accomplir, il peut arriver qu’on n’ait pas ce déclic intérieur, qu’on ait encore du mal à vivre pleinement ce rôle. Mais c’est là toute la beauté de ce processus : il se construit petit à petit, avec chaque choix, chaque erreur, chaque moment d’indépendance. Et c’est ce que je veux transmettre à mes enfants : non pas que l’âge seul fasse l’adulte, mais que ce sont les choix, les échecs et les responsabilités qui façonnent notre passage à l’âge adulte.
Photographies : KaboomPics