Je suis blogueuse. Créatrice de contenu. Photographe. Passionnée d’image, d’émotion, de lumière, de vérité. Autant dire que les réseaux sociaux, c’était (et c’est encore un peu) mon terrain de jeu. Mon métier aussi. Et pourtant… depuis quelque temps, je m’en éloigne. Doucement, mais sûrement.
Je ne les fuis pas totalement. Je m’y connecte encore, parfois. Je regarde ce que partagent les quelques comptes qui m’inspirent vraiment. Mais je ne scrolle plus sans fin. Je ne m’égare plus dans les vidéos « suggestions », et je ne cherche plus à être visible. Parce que ce monde numérique, celui qui nous promet connexion, visibilité, viralité… me lasse. M’épuise. M’inquiète.
Un monde trop lisse pour être vrai
Aujourd’hui, les réseaux sociaux ressemblent à une immense vitrine. Propre, brillante, parfaitement alignée. Mais vide. Creuse.
Les images y sont belles, oui. Trop belles. Lisses. Uniformes. L’intelligence artificielle s’y est faufilée en silence : elle gomme les rides, réinvente les corps, colore les couchers de soleil, donne des airs d’ailleurs à des vies sans relief.
Et on nous fait croire que c’est vrai. On vend du faux sous l’étiquette du naturel. Ce n’est même plus de la mise en scène, c’est de la fabrication. De la fiction. Et le pire, c’est qu’on l’avale comme une vérité.
Des vidéos qui sonnent creux
Et les vidéos ? C’est le même mécanisme. Tout est calibré pour plaire à l’algorithme. Rien n’est laissé au hasard : l’angle, la musique, le timing, les mots…
On ne filme plus la vie : on la rejoue. En mieux, en plus drôle, en plus vendeur. Mais est-ce encore sincère ? Est-ce encore vrai ?
On mime l’authenticité. On enfile un masque de naturel, alors que tout est scénarisé, répété, imité.
Les tendances sont reprises en boucle, recopiées sans fin. Et surtout, sans jamais créditer la personne qui, à l’origine, a eu l’idée. On vole, on reproduit, on adapte… sans reconnaissance. Comme si l’inspiration n’avait pas d’auteur, comme si la créativité était une propriété collective dès qu’elle est publiée.
Tout se ressemble. Tout est lisse. Plat. Sans relief.
Sans honnêteté. Sans transparence.
Et parfois, sans âme.
On ment. On triche. On crée avec l’intelligence artificielle en laissant croire que c’est du vrai. On fabrique de toutes pièces une émotion, une situation, une esthétique… pour attirer l’attention.
Mais l’attention n’est pas un objectif. Elle est une conséquence. Et quand elle devient une obsession, on finit par tout sacrifier : l’authenticité, la nuance, la vérité.
Tout devient stratégie
Il faut publier pour rester visible. Performer pour ne pas sombrer dans l’oubli. Parler plus fort que les autres pour exister.
Mais exister où, et pour qui ? Pour quoi ? Pour des chiffres ? Pour des « likes » ? Pour un pic de dopamine qui s’évapore en deux secondes ?
Tout est devenu calcul. Même la vulnérabilité, même l’intimité, sont parfois scénarisées, vendues comme du contenu. Et moi, je n’en peux plus.
Je n’ai plus envie de produire pour des algorithmes.
Je n’ai plus envie de comparer ma vie à des images retouchées.
Je n’ai plus envie de courir après une attention éphémère.
Revenir à ce qui a du sens
C’est sans doute pour ça que je reviens ici. Sur mon blog.
Un espace à moi. Un espace libre. Hors des tendances. Hors des pressions. Hors du vacarme.
Ici, je peux écrire sans performer. Partager sans calculer. Prendre le temps. Déposer mes mots comme on dépose un souffle, une pensée, une émotion.
Et si vous êtes arrivé(e) jusqu’ici, c’est peut-être que vous ressentez, vous aussi, ce besoin de silence au milieu du bruit. Ce besoin d’ancrage. D’authenticité. Ce besoin de ralentir. De respirer.
Pour conclure
Je ne suis pas en train de diaboliser les réseaux. Ils ne sont pas intrinsèquement mauvais. Ils peuvent encore connecter, inspirer, éveiller. Ils peuvent nous permettre de découvrir, de partager, de créer du lien — quand ils sont utilisés avec conscience, avec mesure, avec intention.
Le problème, ce n’est pas l’outil. C’est l’usage qu’on en fait. C’est le glissement insidieux, cette frontière floue entre réel et virtuel, entre inspiration et mimétisme, entre visibilité et validation.
Le piège, c’est de confondre popularité et valeur.
Le danger, c’est de finir par se regarder à travers l’écran des autres. De n’exister que dans le regard numérique.
Alors oui, je prends mes distances. Pas dans un rejet total, pas dans une rupture brutale. Mais dans un mouvement lent, réfléchi, apaisé.
Je choisis de m’éloigner, un peu. De préserver mon regard. De retrouver de l’espace.
Pour penser, ressentir, créer autrement.
Pour me reconnecter au vrai. À ce qui ne se partage pas en stories, à ce qui ne se like pas, à ce qui ne se scroll pas.
Et si ce texte vous parle…
Peut-être que vous ressentez, vous aussi, ce besoin de silence au milieu du bruit.
Ce besoin de réancrage, de simplicité, de lenteur.
Alors, mettez ce téléphone de côté. Allez marcher. Regardez autour. Respirez. Écrivez, si ça vous fait du bien. Mais surtout, rappelez-vous : vous n’êtes pas une performance. Vous n’êtes pas un contenu.
Vous êtes bien plus que ça.
Photographies : kaboompics
Pas de collaboration sur cet article