Je ne suis pas sûre d’être devenue maman à la meilleure des époques. Ce que vivent les enfants aujourd’hui, c’est loin d’être évident, loin d’être simple ou facile. Ce monde numérique qui les entoure est complexe, envahissant, et souvent cruel sans qu’ils en aient toujours conscience.
Peut-être suis-je simplement plus lucide, plus attachée à ce qui est vrai, à ce qui fait sens. Trop allergique à cette société qui court sans savoir où elle va, et qui embarque nos enfants dans une course folle, où l’on perd souvent plus qu’on ne gagne.
Parce que moi, je ne suis pas cette maman « dans l’air du temps« . Je ne suis pas celle qui tend un smartphone à son enfant à 11 ans « parce que tout le monde le fait ». Je ne suis pas celle qui laisse YouTube devenir la baby-sitter numérique. Je ne suis pas non plus cette mère qui veut que ses enfants soient les meilleurs, les plus occupés, les plus stimulés. Non.
Je suis à contre-courant. Et je l’assume pleinement.
Je veux que mes enfants s’ennuient, qu’ils apprennent à trouver le plaisir dans le simple. Qu’ils courent dehors, qu’ils fabriquent des cabanes avec trois bouts de bois et un vieux drap. Je veux qu’ils apprennent à créer, à rêver, à réfléchir par eux-mêmes. Je veux qu’ils développent leur esprit critique, qu’ils regardent le monde avec du recul. Je veux qu’ils aient du temps. Du vide. Du silence. De la lenteur.
Et c’est là que je mesure à quel point cette démarche est devenue presque subversive, hors norme.
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Élever un enfant, ce n’est pas lui apprendre à suivre la foule, mais à marcher à contre-courant quand cela est nécessaire.
- Jenn
Être parent à contre-courant, c’est quoi ?
Il y a des jours où je me surprends à penser que je ne suis pas devenue maman à la meilleure des époques. Ce que vivent les enfants aujourd’hui, ce n’est pas simple, pas évident, pas facile. Le monde va trop vite, les exigences sociales sont décuplées, et la pression numérique pèse lourd sur leurs épaules encore si fragiles. Pourtant, malgré tout ça, je refuse de céder. Refuser de courir dans cette course folle, c’est ça, pour moi, être parent à contre-courant.
C’est faire des choix qui ne sont pas toujours compris. C’est dire non quand tout le monde dit oui. C’est poser des limites là où on voudrait tout laisser filer. C’est résister, doucement, fermement, sans violence, mais avec une détermination farouche à préserver ce qui compte vraiment : l’enfance, le temps, la liberté d’être soi.
Des choix éducatifs réfléchis mais minoritaires
Être parent à contre-courant, c’est choisir consciemment de ne pas suivre la norme. Ce n’est pas un acte de rébellion contre le monde, mais plutôt une forme de respect profond envers mes enfants. Je choisis de ne pas céder à la facilité, ni à la pression extérieure, à surcharger leur emploi du temps d’activités, ou à les noyer sous une consommation toujours plus rapide et superficielle.
Ces choix, souvent minoritaires, suscitent incompréhension, parfois jugement. On me regarde comme si j’étais en retard, ou comme si je privais mes enfants d’une “éducation moderne”. Pourtant, c’est tout l’inverse : c’est vouloir leur offrir un cadre clair, un refuge où ils peuvent grandir à leur rythme, développer leur curiosité, leur créativité, et surtout apprendre à penser par eux-mêmes.
J’aspire à ce qu’ils apprennent à s’ennuyer, à rêver, à trouver des réponses en eux avant de chercher sur un écran. Je veux qu’ils expérimentent la vie, avec ses silences et ses lenteurs, sans être happés par cette frénésie numérique qui dévore tant de temps et d’énergie. C’est un chemin parfois solitaire, mais c’est celui qu’on a choisi avec tout l’amour dont on est capables.
Ce que nous choisissons de ne pas faire (et pourquoi)
Nous ne voulons pas céder à la pression d’offrir un smartphone dernier cri dès l’entrée au collège, consciente des risques d’une exposition précoce aux écrans. Les contenus violents, choquants ou inadaptés aux enfants pullulent sur des plateformes comme TikTok ou YouTube, où s’ajoutent des challenges dangereux, ridicules et parfois même toxiques. Cette surconsommation numérique peut générer stress, troubles du sommeil, et favoriser une addiction précoce. Nous refusons également que nos enfants deviennent esclaves d’un appareil qui leur impose des codes sociaux souvent irréalistes et difficiles à gérer à leur âge.
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Donner un smartphone à un enfant, c’est lui confier une porte ouverte sur un monde qu’il n’est pas encore prêt à affronter.
- Jenn
Ce que nous choisissons de cultiver
À la place, nous misons sur l’authenticité, la simplicité et l’essentiel. Nous voulons que nos enfants s’ennuient, jouent dehors, explorent la nature et laissent libre cours à leur imagination. Cultiver la créativité, le temps libre et la lenteur, c’est aussi leur offrir la chance de développer un esprit critique sain, indispensable pour ne pas être submergés par le flot d’informations numériques. Nous souhaitons qu’ils grandissent avec des racines solides, dans un environnement où le bien-être et la santé mentale priment sur la performance et l’immédiateté.
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Offrir du temps et du silence à un enfant, c’est lui donner les clés pour construire un esprit libre et un cœur apaisé.
- Jenn
Pour conclure
Élever ses enfants à contre-courant n’est ni un caprice, ni une posture. C’est un choix d’amour, de conscience, et de responsabilité parentale. Ce choix, mon mari et moi le faisons ensemble, pour offrir à nos enfants bien plus que des gadgets ou des distractions numériques : du temps, des racines solides, et surtout la liberté d’être eux-mêmes. Si un jour ils me reprochent de ne pas leur avoir offert le dernier smartphone, la dernière console de jeux…, j’espère qu’ils me remercieront d’avoir préféré leur offrir ce que la technologie ne peut pas donner : une enfance vraie, un esprit libre, et un avenir construit sur des bases solides.
Photographies : kaboompics
Pas de collaboration sur cet article